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Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/160

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impuissance. En un clin d’œil, l’inanité de vivre m’est apparue : on naît, on respire, on boit, on mange, on nourrit la machine, on lutte, on s’exténue, on se prive de jouir, on souhaite de vieillir, pour aboutir à un résultat de détresse intense qui nous tord de douleur, après l’effort brisé ou l’illusion déçue. Et cela dure ainsi jusqu’à la fin ; et l’homme ne pourrait supporter sa vie s’il ne s’en reposait chaque soir par quelques heures de mort : la trêve du sommeil.

Quoique l’on médise de l’humanité, je crois que la plupart des hommes possèdent une conscience ; car tous sont malheureux et bien peu se suicident. Or, qu’est-ce qui nous arrache à la douceur de mourir, si ce n’est le sens obscur du devoir ?