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Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/175

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exprimer l’adieu mélancolique de mon pays. Je marchais sur un tapis de feuilles rousses et détrempées. On n’entendait plus de bruit, ni le cri des bêtes, ni la crécelle des insectes. C’était le grand silence des choses qui meurent.

Et tout à coup, je fus en face de Geneviève. Elle était venue, malgré le temps, malgré sa mère, inventant quelque histoire pour sortir sous la pluie. Elle enfonçait ses petits souliers dans la terre boueuse et se blottissait sous un parapluie ; elle m’attendait, dans une attitude humble et gênée ; confuse, un peu piteuse — adorable : la pudeur désarmée de cet aveu muet me bouleversa. Je pensai : « Elle m’aime. » et je savourais la joie amère d’avoir la certitude de son amour à l’instant de le perdre. Cette