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Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/202

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solides, un regard qui dit : « À quoi bon ! » Un jour qu’il se confiait à moi, il a résumé ses sentiments en s’écriant rageusement : « Ah ! Cette sensation d’avoir raté son époque, parce qu’on est né un an trop tard ! »

Ce désespoir sincère aboutit à une attitude factice. Robert Darlaud affecte d’être blasé sur toutes choses. Il tue l’espoir en lui, comme un mauvais germe dont il aurait honte. La vie sera plate et mesquine, désormais : il nie sa beauté, ses joies, et n’en retient que la jouissance. Il s’est fait libertin par dédain ; — mais il ment.

Car, il y a deux hommes dans chaque jeune homme : l’un est sceptique, l’autre est naïf ; l’un raille les enthousiasmes de l’autre ; mais, en définitive, la jeu-