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Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/191

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honnête femme comme on en voit peu ! » Elle est trop glorieuse de sa probité pour faillir. Je l’effraie plus que je ne la tente ; elle aime surtout l’auréole dont la nimbe ma passion présumée, — et me plaint intérieurement, à la pensée que je souffrirai peut-être…

Clarel déclara d’une voix nette :

— Je ne suis point de votre avis. J’estime, au contraire, qu’elle est au point voulu.

— Pour un séducteur réellement épris. Mais, moi… Comment parviendrais-je à lui faire commettre une faute qui me répugne autant qu’elle l’épouvante ? Je n’ai pas envie de Denise, l’action de tromper son mari me paraît abjecte… Où puiserais-je des arguments persuasifs ?

— M’oubliez-vous ?

Francine lui tendait ses lèvres. Elle chuchota dans un baiser :

— Ah ! que les hommes nous ressemblent peu… La femme est capable de tout, quand elle aime : elle a toujours son amant devant ses yeux ; son cœur, ses nerfs, son imagination imposent leur volonté à ses sens et à son