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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/173

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Trêve de réflexions : l’auto vient de stopper devant la maison de Léon Brochard. Je m’aperçois, au moment où je paye le chauffeur, que mes mains sont agitées d’un tremblement nerveux…

Voici l’escalier aux murs ornés de glaces, aux tapis épais. Je perds la sensation du temps écoulé depuis ma première visite : il me semble qu’elle eut lieu hier… Ou plutôt, non : j’ai l’impression de la revivre en rêve. Je monte très lentement ; mon cœur bat ; et, je vois, dans les hautes glaces, une jeune femme, blonde et pâle, qui braque sur moi de grands yeux bleus à la pupille si dilatée, qu’ils paraissent noirs… C’est tout à fait comme l’autre fois. Me voilà sur le palier du second étage. J’attends un peu, avant de sonner.

C’est le même valet de chambre qui passe son museau glabre par la porte entre-bâillée. Il est toujours rébarbatif et soupçonneux. Il laisse tomber sa question d’une bouche dédaigneuse :

— Madame désire ?