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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/180

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m’étonne : je ne l’aurais pas cru si fort. Où est la sénilité libidineuse du vieux viveur concupiscent et grotesque ? Malgré le pyjama bleu et or, malgré les babouches améthyste et les blancs cheveux en désordre, l’ancien ministre recommence à m’imposer un certain respect, grâce à sa louable résistance : je ne puis l’attribuer qu’à sa force de caractère.

Un peu rouge, j’essaie d’aborder un autre terrain :

— Ne parlons plus de moi, ni de mes torts. Landry Colin… Monsieur Brochard… Landry Colin est votre ami…

— Permettez !

— Oh ! Vous pouvez bien le confesser, allez ! Puisque personne ne nous écoute. N’est-ce point lui qui nous a présentés l’un à l’autre ? Vous paraissiez enchanté de son amitié, ce soir-là… monsieur Brochard, au nom de cette amitié, je vous adjure de prendre la défense de Landry Colin !

— Mon Dieu, chère Nicole, écoutez l’aveu cynique d’un vieil homme qui connaît les hommes : si Colin fut mon ami, j’ai double raison de le lâcher ; le défendre serait me compromettre. Et soyez sûre qu’à ma place, il