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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/183

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Je n’ai pas d’étonnement à l’entendre répondre, sarcastique :

— Trop tard, chère madame. Il eût fallu vous y prendre autrement. Léon Brochard n’est pas de ceux que l’on berne impunément lorsqu’on n’a pas besoin d’eux, quitte à les rappeler au moment propice : « Psitt ! viens ici, mon ami, à présent, tu peux m’être utile. » Vous vous êtes comportée d’une manière joliment malhabile, chère amie… Malgré votre esprit, petite Nicole, vous n’étiez pas assez forte pour vous mesurer avec un vieux routier du pouvoir, et la ruse de Landry Colin a échoué… Croyez-vous que je n’ai pas senti, dès le premier jour, où Colin voulait me mener ? Je le connais, mon camarade… Il vous avait choisie comme atout de son jeu — la dame de cœur — ; mais, dès l’apparition de votre museau rose, j’ai feint de me livrer, d’être l’heureuse victime de ce charmant guet-apens… Car, je vous ai passionnément désirée, madame. Un moment, vous m’aviez pris, subjugué… Il ne tenait qu’à vous de me posséder entièrement, de me forger une chaîne solide, avec ces jolis doigts fuselés… J’étais presque amoureux de vous… Mais, le jour du fameux déjeuner :