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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/24

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réfléchi, dont il contemple l’hôtel ruisselant de luxe, la silhouette de Léon Brochard, se profilant sur un fond de tapisseries bleu nil comme un ibis noir sous un ciel d’Égypte… Je soupçonne Julien Dangel de cacher tout un petit manège d’arrivisme banal, de rouerie candide, derrière son front pur et délicat ; s’il allait tenter de suivre à la lettre le conseil moqueur donné par Fréminet, il y a vingt minutes ?… Je remarque que Julien a les lèvres minces, presque pincées, et les yeux ronds, doux et timides : mélange d’instincts. Est-il fourbe ? Est-il ingénu ? Je crois qu’il s’efforce d’être fourbe — ingénument.

Nos propos précédents roulèrent sur des généralités ; mais, ici — où chaque soirée m’amène des inconnus — toute conversation s’achève en interrogatoire, et, malgré moi, les questions montent à mes lèvres :

— Quel âge avez-vous, monsieur Dangel ?

— Vingt-sept ans, madame.

— Parisien ?

— Normand… de Lisieux.

— Marié ?

— Non, fiancé.

— Elle vous adore, hein ?