Aller au contenu

Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

surplombant la plage, son ruban jaune, le trait noir des trois jetées, et les petits chalets aux tourelles pointues qui ont l’air de joujoux de bazar. Ou bien, nous foulons les gras pâturages, enfonçant dans les mottes de terre humide qui se collent à nos souliers. On y aspire une forte odeur d’herbe fraîche, de foin coupé, de luzerne et d’effluves marins. Ici, le panorama n’a pas la splendeur des contrées méridionales, du pays latin ; mais il se dégage une sensualité animale et vivifiante de cette calme et plantureuse nature qui vous inspire le goût des siestes reposantes, des flâneries câlines à deux, à l’ombre des massifs de sureaux et de chèvrefeuilles dont l’arôme entêtant vous alanguit insensiblement…

Allongée dans l’herbe, mordillant des boutons d’or et des tiges de fleurs sauvages, Sylvie parle d’amour avec sa voix claire de petite fille. Julien fait toujours les frais de nos conversations. Faut-il lui dire ceci ? S’il me demandait cela, que devrais-je lui répondre ? Croyez-vous qu’il m’aime vraiment, quand il agit ainsi ? Et cætera…

Ô ce questionnaire interminable ! Sylvie me traite comme une grammaire amoureuse.