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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/289

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qui les recouvre d’un voile sombre, mes seins pâles apparaissent comme deux lotus blancs sous une eau profonde. Malgré les soucis, j’ai ma figure des jours de conquêtes, ma figure qui a fait retourner les passants, le maître d’hôtel, les garçons, et jusqu’au petit chasseur pas plus haut qu’une botte qui stationne à l’entrée du Boris. Je suis très jolie, ce soir… À quoi bon ! puisque M. Yves a éventé le piège ? On ne parlera pas de l’Affaire Colin… C’est-à-dire qu’on a supprimé la seule attraction du programme. J’ébauche la moue déconfite du spectateur à qui l’on vient annoncer que la danseuse étoile s’est foulé la cheville.

Enfin, la porte s’ouvre devant M. Yves qui se précipite, essoufflé. Nadine remarque :

— Ben ! Il t’a plutôt retardé, le sous-secrétaire d’État.

M. Yves grogne, rancunier :

— Chameau, va ! Il ne se décidait pas à démarrer… C’est à croire qu’il se doutait que je devais rejoindre deux jolies femmes après son départ !

Le journaliste s’installe, fiche son monocle sous le sourcil droit, examine la carte des vins, réclame le sommelier, fait déboucher, puis