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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/29

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jolie que les plus jolies femmes qu’il a possédées… » Toujours le prestige !

Et quand Brochard, tirant parti du voisinage, fait craquer le vernis de sa bottine sur le satin de mon petit soulier, je n’ai pas le geste de recul, le genou vivement retiré, je ne fronce pas des sourcils offensés, ainsi que j’agis toujours, en pareille occurrence… (Il ferait beau voir que ce fût le petit Julien qui se permît cette privauté !)

Au contraire, une tiédeur trouble m’alanguit au contact de mon compagnon. Et lorsqu’il feint de ramasser quelque chose sous la table, je laisse sa main frôler d’abord, caresser ensuite, la courbe pleine de ma hanche…

Tandis que Dangel échange enfin quelques paroles avec Brochard, je les regarde tous les deux : dire que c’est le sexagénaire sec et droit, au teint jaune, à la chevelure blanche, qui a l’avantage sur le gentil blondinet au printemps fleuri. Ce n’est jamais l’homme qui me tente, mais ce qu’il représente. Suis-je la seule, parmi celles qui traînent derrière elles le souvenir d’une déception ? On aime par vanité, par snobisme, par sensualité ou par intérêt. On aime pour vivre, pour satisfaire une ambition