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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/332

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avec une œillade de connivence. Mais, je le considère d’un air surpris, indifférent, un peu hautain, sans le reconnaître… et je sors.

Maintenant que je suis seule, que l’auto me ramène à l’hôtel, triomphante… je puis avouer ceci tout bas : Rien n’était moins fondé que mes menaces. J’ai réussi par un invraisemblable coup d’audace.

Hier, je me présentai villa des Ternes, à l’atelier de Watelet afin de tenter une démarche hasardeuse : je comptais négocier l’achat de la Vénus couchée à force d’argent. Je risquais d’échouer. Un artiste est plus incorruptible qu’un Renaudel. Mais, dès le seuil, un obstacle inattendu, insurmontable, m’arrêta : Watelet était absent, parti la veille pour l’Égypte où il séjournerait tout l’hiver. Que résoudre ? Les débats de l’Affaire Colin sont fixés à la fin d’octobre : il fallait absolument prendre parti, de suite. Le temps pressait…

Alors j’eus l’idée fantastique, extravagante et folle, d’échafauder cet édifice de mensonges sur pilotis de nuages, à la merci d’un souffle