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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/337

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parler de l’Affaire Colin. Il murmure tendrement :

— Ne m’en veuillez pas, si je ne suis pas venu plus tôt… J’ai été absorbé par la fastidieuse besogne des répétitions… Oh ! ces acteurs : marionnettes têtues, pantins gonflés de fatuité, à la cervelle bourrée de son, à qui il faut entonner l’expression, le talent, l’intelligence, — de force, ainsi qu’on gave une volaille, et qui détestent d’instinct l’auteur, sans lequel ils ne seraient rien. Ce metteur en scène, toujours maniaque, qui bouleverse vos indications au nom de la tradition. Ce directeur — dont l’autorité nous serait si précieuse pour dompter ces bêtes rétives — et qu’on ne voit jamais… Borderelle dirige le Parthénon, avec les Folies-Joyeuses. Eh bien ! Allez le demander à l’un de ces deux théâtres, le secrétaire général vous répondra invariablement qu’il est dans l’autre… C’est le directeur-fantôme… Je l’ai aperçu trois fois : et encore il apparaissait pour réduire, par économie, le nombre déjà insuffisant des répétitions… Mais, je me laisse entraîner, et je vous assomme avec mes récriminations… pardon, Nicole.