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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/358

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Paul rompt le silence, demande d’une voix énervée qui veut rester calme :

— À quel motif attribuer ce suicide ?

Il me semble entendre l’écho des phrases que je pensais.

J’avance :

— La déception d’un échec humiliant l’explique…

— Allons donc ! Un homme ne renonce pas à la vie pour une pièce ratée !

— Tu ne saurais discuter cette question… As-tu l’âme d’un buveur de gloire ?… Quels qu’ils soient — politiciens, gens de plume, gens de théâtre — ces êtres-là viennent au monde boursouflés d’orgueil… Ce sont presque des malades : ils ont une hypertrophie de la vanité comme d’autres ont le cœur gras… Qu’on les pique au bon endroit et ils s’écroulent à la façon d’une baudruche crevée…

— Quel ton acerbe… On croirait que tu t’efforces de masquer la véritable raison de ce drame bizarre…

— Paul ! Que signifient tes paroles ?

— Écoute, mon petit, tu n’as jamais joué les Agnès : aussi je n’imagine pas que tu sois naïve au point de te persuader que si je me