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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/367

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mon respect, la ruse d’un calcul abject. Vos paroles railleuses accueillaient mes aveux sincères ! Ô Nicole ! il semble que vous me regardiez dans l’eau d’un miroir concave dont les reflets eussent déformé mes sourires en grimaces. Nicole, sceptique Nicole, aurez-vous confiance enfin, si je vous répète : « Je vous aime » à l’heure où j’ai décidé de mourir ?

» Ah ! cette scène d’aujourd’hui, quand, souhaitant vous offrir la meilleure preuve d’amour qu’un homme peut donner à celle qu’il adore, je fus assimilé par vous à ces ruffians dont regorge votre monde… Vous faire comprendre ce que j’ai souffert ! Est-ce que je savais seulement si votre luxe vous appartenait ? Vous enlever à Paul Bernard, c’était, pour moi, vous arracher à votre décor, — et l’argent en faisait partie… Ma Nicole… Depuis que vous m’avez chassé, je me suis sauvé n’importe où, errant au hasard, dans Paris et dans mes souvenirs. J’ai traversé des rues connues que je ne reconnaissais plus ; j’ai croisé des êtres brumeux, grouillants, agités, tels ceux qu’on entrevoit dans le brouillard des rêves… J’ai bousculé des gens qui m’ont injurié, incapables de sentir qu’une détresse les heurtait. Ainsi l’on