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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/369

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possédiez tout entier, plus que la plus chère maîtresse ?… J’ai tâté, à travers mon veston, le browning qui ne me quitte pas, j’entendais encore la voix chaude que vous aviez prise en me déclarant votre amour pour M. Bernard !… J’étais arrivé rue La Fayette, devant l’immeuble d’un grand journal ; j’ai enfilé une étroite ruelle noire ; je suis entré dans une petite rue où nichent plusieurs hôtels meublés. Et je me sentais si las, j’avais tellement hâte d’accomplir mon projet, que, sans avoir le courage de regagner mon domicile, je me suis arrêté là, à bout de forces, décidant de finir mes jours sur un lit anonyme où tant de couples avaient dû jouir, où aucun n’avait su aimer… Hein, Nicole, chère moqueuse Nicole, vous devez penser que, pour un ex-revuiste, c’est faire amende honorable au genre sérieux que de donner deux drames dans la même soirée ? À évoquer votre malicieux esprit, je sens mes yeux qui s’embrument. Adieu, ma Nicole, souvenez-vous que je vous aimais bien et que je n’étais pas un malhonnête homme.

» JULIEN DANGEL. »

Nous avons lu tous deux et nous continuons