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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/386

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Paul se compose une attitude solennelle. Il pontifie, d’un air important :

— Oui, Nicole, j’ai quitté le deuil. Et je choisis le jour où j’abandonne cet insigne du veuvage pour venir t’annoncer une détermination que j’ai prise… depuis quelque temps… Nicole : je vais me remarier.

Une surprise brutale me glace instantanément ; mon cœur bat plus lentement, par saccades irrégulières qui gênent la respiration. Paul contracte une nouvelle union… Ça me choque ; ça me blesse… J’ai honte de l’avouer : ça me fait de la peine… Lorsque je l’ai connu, il était déjà marié : c’est donc moi qui ai trompé sa femme ; aujourd’hui, la situation est différente : maîtresse attitrée, il me semble qu’à mon tour, je subis une offense, un dol… Et puis, si Paul m’apprend la chose aussi tranquillement, sans rupture, c’est qu’il épouse une jeune fille qu’il n’aime pas. Alors ? Une nouvelle alliance d’argent — un alliage, plutôt ?… Il ne pourra pas dire que sa famille l’y contraint, cette fois ! Il ne se trouve donc point assez riche ?

C’eût été si gentil d’éterniser ainsi notre liaison, chacun ayant sa liberté. Une déception