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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/388

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— Bourgeois ! Tu veux me faire entrer dans ton monde ?

— Au contraire : je souhaite que tu m’aides à en sortir.

— Explique-toi.

— J’ai soif de solitude, Nicole : l’Affaire Colin m’a dégoûté de mes semblables… J’ai appris à les connaître devant la débâcle, ces amis qui déjà se découvraient une myopie opportune en me rencontrant dans la rue ; et dont les rictus ironiques, qui se préparaient à railler ma défaite, se sont changés hier en plats sourires à l’annonce de mon succès… Je ne t’épouse pas pour sacrifier aux conventions, mais afin que ces pures consciences me réprouvent d’avoir légitimé ma maîtresse et que les hypocrites s’éloignent de ma maison… Excommuniés par les dédains des rigoristes, je nous rêve magnifiquement isolés.

— Paul… Tu t’illusionnes peut-être, quant à ces beaux rêves… Et nous ne serions pas moins heureux en continuant de vivre comme deux amants bien sages. Est-ce que l’on ramasse un bonnet qui est de l’autre côté du moulin pour le couvrir de fleurs d’oranger ?

— Nicole, tu es le fanfaron de l’inconduite…