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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/391

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plus notoirement entretenue de Paris, je reçois deux demandes en mariage à trois semaines d’intervalle !

Un libraire m’a dit : « Quand je place un livre derrière ma vitrine, à l’abri des mains indiscrètes, je suis presque sûr que sa fraîcheur dédaignée se ternira peu à peu, sous la glace qui le préserve des atteintes. Si je le pose en plein étalage, comme une amorce à la curiosité du passant, il suffit qu’un badaud s’arrête, le feuillette du doigt, pour qu’aussitôt, dix et vingt acheteurs s’en viennent le regarder par-dessus l’épaule du lecteur, tripotent le livre à leur tour ; et qu’un d’eux l’emporte sous son bras, tout débroché, tout froissé… mais préféré à l’exemplaire intact, parce que c’est le « bouquin d’étalage », celui qui a joui de la convoitise des foules… »

— À quoi penses-tu, Nicole ? demande Paul, le matin où nous sortons de la mairie, unis légalement.

(Le souvenir de… de la nuit du suicide repasse devant mes yeux.)