Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/47

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n’ignore point vos qualités de Célimène. Ce que je vous demande instamment, c’est de m’aider à retenir Léon Brochard dans notre camp, en distrayant son attention pour l’empêcher d’entendre siffler les obus… De savoir exiger de lui, au moment voulu, l’influence propice qu’il me refuserait peut-être, si j’étais seul en cause… N’oubliez pas qu’une grande partie de la fortune de Paul Bernard est engagée dans la banque Landry Colin !… Un krach, un scandale, et Paul sombre le jour où je me noie… Méditez cela… Vous êtes une jeune femme très experte.

— Vous semblez vous méprendre sur mon caractère, Landry. Et vous me prêtez une adresse que je n’ai point.

— Je ne prête qu’aux riches…

— Oui, n’est-ce pas : quand une femme possède un hôtel à son nom, des bijoux princiers, une rente viagère de cent mille livres, et qu’elle doit ces libéralités à son protecteur, elle fait sourire si elle se prétend désintéressée… Et pourtant, Colin, en vous apportant mon appui dans la crise que vous redoutez, où serait mon avantage personnel ? Paul ruiné, je resterais indépendante, obligée, tout au plus, de restreindre un peu mon train de maison en perdant 3