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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/75

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ses sourcils… Léon Brochard est visiblement préoccupé. Mon arrivée l’a dérangé, c’est indiscutable. Aujourd’hui qu’il n’est plus rien (et que ce rien reste tout, quand même, pour certaines gens) son domicile particulier est devenu le domaine où se traitent les questions sérieuses — remplaçant le cabinet officiel de jadis — et j’ai l’impression d’être allée le troubler en plein ministère, comme au temps de son pouvoir. J’interroge :

— Voyons, soyez franc : vous ne pensez guère à moi, et vous êtes très contrarié ?

— Oh ! Nicole : bien que je n’aie plus… quarante ans, je ne suis pas assez déprimé, cependant, pour que vous me croyiez susceptible de ne pas penser à vous, en ce moment !… La vérité, c’est que je viens de manquer, d’ajourner, plusieurs visites importantes.

— À cause de moi ? Parbleu, c’est justement ce qui me flatte.

— Et peut-être est-ce là la raison de votre présence ?… Voilà un sentiment que j’ai surpris nombre de fois au fond des jolis yeux, dans le sourire en coin des solliciteuses qui me demandaient des rubans de toutes les couleurs… À propos, voulez-vous les palmes ?