Aller au contenu

Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Frroutt !… (Je pouffe de rire).

— Vous dites ?… Je n’ai rien compris. Mais, sapristi, ne coupez pas, mademoiselle !…

J’ai raccroché les récepteurs.

À quatre heures, visite de Julien Dangel. Je le reçois par indolence. Il m’offre son assortiment de regards mélancoliques et de paroles langoureuses, avec la patience inlassable de ces marchands de cacahuètes qui défilent chaque soir devant le même café, et proposent, sans se rebuter, les mêmes graines dédaignées aux mêmes consommateurs indifférents.

Il paraît tout désorienté en constatant que sa lettre n’a produit aucun effet. Il insiste :

— Je vous adore… Vous ne croirez donc jamais à ma sincérité ?

— Non : tant que vous me jurerez votre passion… J’estime que la seule forme d’amour sincère, chez l’homme, c’est le désir.

— Qui vous a donné cette mauvaise opinion des hommes ?

— Le premier que j’ai aimé.