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Page:Marat - Éloge de Montesquieu, éd. Brézetz, 1883.djvu/68

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J.-P. MARAT

Montesquieu débute par considérer les loix abstraitement, c’est-à-dire dans les rapports avec les différens êtres. Il ne jette qu’un coup d’œil sur les loix de la nature, et il les réduit à celles qui portent les hommes à travailler à leur conservation, à propager leur espèce, et à vivre en société. Puis il traite des loix positives en remontant à leur source.

Dès que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse, et bientôt cesse l’égalité que la nature avoit mise entre eux. Chaque société, venant à sentir sa force, veut en abuser ; ce qui produit un état de guerre de nation à nation.

Les membres de chaque société, venant à sentir leur force, cherchent à tourner en leur faveur les avantages de l’association ; ce qui produit entre eux un état de guerre. Pour remédier aux maux effroyables que produit l’abus de la force, ils firent des loix, et la multitude se réunit contre les oppresseurs. Voilà l’origine du gouvernement, sans lequel aucune société ne peut se maintenir.

Les habitans de la terre forment nécessairement des différens peuples. Ces peuples, étant plus ou moins nombreux, ne sauroient avoir la même forme de gouvernement ; mais quelque indifférentes que soient leurs institutions, ils ont des loix dans le rapport qui se trouve entr’eux, et ces loix font le droit des gens. Les membres de chaque peuple ont aussi des loix, dans le rapport de ceux qui gouvernent à ceux qui sont gouvernés, et ces loix font le droit politique. Enfin les individus de la même société ont des loix dans le rapport qui se trouve entr’eux, et ces loix font le droit civil.

Dans la paix, les nations doivent se faire le plus de bien possible, et dans la guerre le moins de mal possible, sans pourtant nuire à leurs véritables intérêts. De ces deux principes dérivent toutes les loix du droit des gens.