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Page:Marat - Éloge de Montesquieu, éd. Brézetz, 1883.djvu/83

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ÉLOGE DE MONTESQUIEU

religion ne leur donne pas une vie trop comptemplative, qui les rendroit indifférens à toutes choses.

C’est le culte extérieur surtout qui attache le peuple à la religion, et il est bon qu’il ait de la magnificence.

Comme la législation doit être le moins compliquée qu’il est possible, il ne faut pas souffrir l’établissement d’une nouvelle religion, lorsqu’on peut l’empêcher ; mais lorsqu’elle est une fois établie, il faut la tolérer.

Après avoir traité séparément toutes les branches de la législation, Montesquieu les compare entr’elles, pour les examiner relativement aux choses sur lesquelles elles statuent.

Les hommes sont gouvernés par différentes espèces de loix ; par le droit naturel, commun à chaque individu ; par le droit domestique qui est celui du chef de famille ; par le droit divin, qui est celui de la religion ; par le droit ecclésiastique qui est celui de la police de la religion ; par le droit civil, qui est celui des membres d’une même société ; par le droit politique, qui est celui de la constitution de cette société ; par le droit des gens, qui est celui de tous les peuples. Ces droits ont chacun des objets distincts qu’il ne faut point confondre.

La sublimité de la raison humaine consiste à ne jamais régler par l’un ce qui doit être réglé par l’autre, afin de ne point choquer les principes tirés de la nature des choses, et c’est dans les applications de ce grand principe que l’auteur montre bien la sublimité de la science.

Non content d’avoir écrit pour tous les peuples, il consacre à sa nation un travail particulier sur l’origine et les révolutions des loix romaines relatives aux successions ; de même que sur l’origine et les révolutions des loix civiles chez les François ; objets importans qui servent de base à notre jurisprudence, et dont l’étude est indispensable à ceux qui se destinent à la magistrature ou au barreau.