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Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/111

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dufort de cheverny

clocher on s’amusait à regarder les gens de la ville jusque dans leurs chambres. L’un des détenus eut ainsi, à distance, un petit roman, qui finit d’ailleurs par une déconvenue, grâce à une indiscrétion de la lunette. Plus tard, M. de Rancogne fit installer, dans une des salles du couvent, un microscope solaire ; « la prison prit l’air d’une Académie de musique et de science » (II. 216). Il fit des expériences et des conférences auxquelles assistaient les autres détenus. Dufort ne dit pas, mais cela paraît probable, que de la ville il venait des amateurs pour suivre ces séances.

La ville, en tout cas, prenait intérêt à ce qui se passait dans la prison, et, suivant l’usage traditionnel des petites villes, se croyait le droit de critique et de contrôle. Nous avons déjà parlé de Rochejean, l’ancien vicaire général prévenu de malversations. Pendant ses grandeurs il avait eu, avec Dufort, des relations dont le souvenir dut le gêner un peu quand ils se retrouvèrent en prison. C’était lui qui, comme président du club de Blois, lui avait notifié, « avec la plus grande satisfaction », son exclusion du club. Il sut cependant se présenter à lui très convenablement, lui souhaitant la bienvenue et lui exprimant son regret de le retrouver en pareil lieu. Quoique l’on eût plus d’une raison de l’estimer peu, c’était un compagnon de misère ; il ne manquait ni d’instruction ni de tact, et il pouvait être de quelque