Aller au contenu

Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
treilhard

pontons de Cadix. Suivi de quelques autres prisonniers, il s’élance sur une barque d’approvisionnement dont il jette l’équipage à la mer, et, en plein jour, les fugitifs traversent toute la rade, salués par les hurrahs émerveillés des b$atiments de commerce et par la mitraille des vaisseaux de guerre. Ils touchent enfin la rive opposée, occupée par les Français, et ils s’agenouillent pour remercier Dieu ! Pardonnez-moi de m’être arrêté un instant à ces souvenirs ; les hommes dont je viens de saluer les noms étaient aussi des Corréziens, et ils ont fait honneur à leur pays comme à leurs maîtres.

Treilhard commença brillamment ses études au collège de Brive, sous la direction de son père. Il vint les terminer à Paris ; mais là encore il n’était pas entièrement séparé du Limousin ; un ami de sa famille veillait sur lui, l’abbé d’Espagnac, alors conseiller au Parlement de Paris, qui était resté Briviste de cœur, et qui recueillait les premiers matériaux d’une Histoire de Brive-la-Gaillarde et de ses environs, reprise et publiée cinquante ans plus tard par l’abbé Leymonerie. Encouragé par l’abbé d’Espagnac et par Turgot, le jeune Treilhard débuta comme avocat au Parlement de Paris.

Une anecdote très connue raconte que vers 1765 trois jeunes voyageurs, légers d’écus et riches d’espérances, allaient dans la capitale chercher la fortune. Ils se rencontrèrent près d’Avallon, conti-