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Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/235

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les contes de perrault

princesse à qui la nature et l’éducation ont rendu familier ce qu’il y a de plus élevé " ; il expliquait timidement que c, rien ne marque tant la vaste étendue d’un esprit que de pouvoir s’élever en même temps aux plus grandes choses et s’abaisser aux plus petites »… Cette petite chose, cette bagatelle a survécu à tous ses autres ouvrages, et elle suffit pour lui assurer le souvenir reconnaissant de la postérité. Elle est un chef-d’œuvre parce qu’elle reproduit avec une grâce naïve et une exquise simplicité les créations spontanées et, par conséquent, vraies de l’imagination populaire.

Ce que l’homme a rêvé, n’est-ce pas en effet ce qu’il y a de plus vrai au monde ? Une légende ne représente-t-elle pas plus fidèlement que l’histoire le temps qui l’a imaginée, les hommes qui s’en sont bercés ? Qu’est-ce qui nous donne d’Henri IV et de son règne l’idée la plus exacte ? Des légendes : « La poule au pot » et « Il faut que tout le monde vive » ; des chansons « Vive Henri IV et « Charmante Gabrielle ». Qu’y a t-il de plus certain dans le récit de la longue guerre soutenue pendant cent ans par la France contre l’Anglais, maître de nos provinces ? Au début, un roi vaincu s’écriant : « Ouvrez ! C’est la fortune de la France ». Au jour de la délivrance, les visions de Jeanne d’Arc et l’astrologue de la Dame de Beauté. La légende de sainte Geneviève arrêtant Attila dans sa marche sur Paris est au