Aller au contenu

Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
la rochefoucauld et la comtesse diane

le plus souvent nécessaire ; ce n’est plus devant le danger matériel qu’un homme doit surtout se préparer à rester inébranlable. Le livre de la Comtesse Diane, comme celui de La Rochefoucauld, reflète les préoccupations générales du siècle qui l’a inspiré et de la société pour laquelle il a été écrit.


III


L’amour est éternel comme le cœur humain ; le sens du mot amour ne peut avoir changé depuis deux cents ans ; cependant, là aussi le siècle a mis son empreinte, et lorsque La Rochefoucauld parle de l’amour, le sentiment qu’il dépeint n’est pas celui dont le même mot éveille en nous la pensée. Ce qu’il voyait autour de lui, ce qu’il s’est plu à observer et à décrire, c’est la galanterie, ou tout au plus ce sentiment élégant et frivole que nous ont légué le moyen-âge et la chevalerie, et en qui se confondent le respect et le désir, la tendresse discrète et le besoin de proclamer hautement son amour, la résolution de tout braver pour posséder la femme aimée, et la soumission, fière parce qu’elle est volontaire, à l’être faible et adoré dont on se sent le maître. Dans le livre comme dans la vie de La Rochefoucauld on retrouve l’homme auquel