Aller au contenu

Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
denys cochin

scolaire. Le Préfet répondit que ce rêve d’un homme de bien était irréalisable ; que d’ailleurs, si l’on créait à Paris un établissement de ce genre il en faudrait bientôt au moins vingt, ce qui entraînerait, pour la seule construction des locaux, une dépense inadmissible de cinq millions.

Denys Cochin ne se découragea pas ; il résolut de faire lui-même l’essai de cette institution que l’autorité officielle déclarait impraticable, mais que son intelligence jugeait possible et sa philanthropie nécessaire.

Il s’associa avec des entrepreneurs et obtint d’eux qu’ils construiraient, à frais communs, mais sous sa responsabilité, un établissement dont il donna le plan et qui pourrait recevoir mille enfants de deux à quatorze ans ; il leur laissa à dessein une part indivise de la propriété, pour qu’ils eussent intérêt à bien construire. Trois mois et dix-sept jours après la pose de la première pierre, la maison de la rue Saint-Hippolyte était ouverte et quatre cent vingt enfants de tous les âges prenaient place dans les diverses classes. L’année suivante les enfants étaient au nombre de mille, le Préfet de la Seine ouvrait les yeux, et la ville de Paris se décidait à acheter le bâtiment, qu’on lui abandonna à prix coûtant. Cochin raconte dans son Manuel des Salles d’Asile l’histoire de cette fondation, et il termine son récit en adressant aux personnes qui pourraient être