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Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/387

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du droit sur les documents historiques

repos funéraire les Pharaons d’Égypte ou même le bon Roy René, nous ne pouvons pas prétendre que les confidences épistolaires qu’ils ont pu faire au plus intime de leurs correspondants soient plus inviolables que leur sépulture.

Ce que nous disons des lettres missives, nous le dirons également des autres pièces intimes dont nous avons parlé, notes de famille, comptes, livres de raison, etc. Pour cette catégorie de documents, les difficultés aiguës se présenteront moins souvent que pour les lettres, car, à moins qu’ils n’émanent d’un personnage sur lequel se porte la curiosité publique, ils n’offriront d’intérêt qu’après un long espace de temps. Ce que l’érudit cherchera alors ce ne sera pas la personnalité de l’auteur, ce sera la physionomie générale de l’époque où il vivait. Souvent l’écrit paraîtra d’autant plus intéressant qu’il émanera d’un personnage plus effacé, ressemblant davantage à tous ses contemporains ; à travers son manuscrit réapparaîtra d’autant mieux le tableau d’idées, d’habitudes, de mœurs devenues curieuses pour nous précisément parce qu’elles seront oubliées, parce qu’elles feront contraste avec les nôtres. Pour ce genre de documents, c’est le recul qui fait naître l’intérêt historique, et il fait en même temps disparaître l’intérêt de la famille.

Admettons donc que, pour les pièces intimes, lettres missives ou notes de famille, la publication