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Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/72

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le charme de l’histoire

que nous avons cités. Ce serait tomber dans la même erreur que si l’on prétendait juger notre temps sur les récits des journaux à scandales ou sur les comptes-rendus judiciaires de la Gazette des Tribunaux. Alors, comme aujourd’hui, le mal était plus bruyant que le bien, et nous ne devons pas oublier qu’à cette même époque, d’Aguesseau honorait la magistrature et Massillon le clergé. Dubuis­son raconte aussi parfois des traits fort différents de ceux qui accusent ses contemporains. Ainsi, Mme Pâris de Montmartel, « pleurée des pauvres et universellement regrettée », meurt à vingt-huit ans de la petite vérole gagnée au chevet de l’un de ses domestiques qu’elle était allée exhorter à recevoir les derniers sacrements. Mais s’il faut reconnaître que tout alors n’était pas égoïsme, que la société n’ignorait pas l’amour, la charité, le dévouement, la foi, il n’en est pas moins vrai qu’au-dessus de ces vertus trop cachées, ce qui se voyait était loin d’être respectable. Écrites par un témoin impartial, un peu sceptique peut-être quoique trop jeune encore pour avoir perdu tout enthousiasme et toute illusion, en tout cas plutôt bienveillant qu’amer, les lettres de Dubuisson, dans leur ensemble, nous font peu regretter le bon vieux temps. En résumé, si les idées et les mœurs dont cette correspondance nous présente le tableau diffèrent des nôtres, les passions et les caractères sont les