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Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/90

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le charme de l’histoire

question ; tout le monde garda un profond silence : aucune présentation n’eut lieu. Les ambassadeurs eurent le temps de le contempler ; un signe de tête annonça qu’ils étaient congédiés » (I. 186).

Autour de ce malheureux malade, sans consolations, sans confident, livré à ses seules pensées, s’agitaient mille intrigues de Cour sur lesquelles il est inutile d’insister ; beaucoup d’autres que Dufort les ont racontées.

Quand le roi commença à se lever, il parut dans son cabinet, mais toujours morne et silencieux, choisissant le temps où il y avait le moins de monde ».

Sa réclusion ne cessa que deux ou trois semaines après l’attentat, à la suite d’une scène singulière et caractéristique qui mérite d’être entièrement reproduite :

« Enfin un jour, il était près de deux heures et le cabinet presque vide, tous ayant pris congé… Le roi avait sa robe de chambre, son bonnet de nuit, et à la main une canne sur laquelle il s’appuyait légèrement. Tantôt il regardait par la fenêtre, tantôt il s’arrêtait et rêvait. Le Dauphin, à qui le roi ne faisait pas signe de s’en aller, causait avec le marquis du Muy ; la Dauphine n’osait prendre congé. Enfin, le roi, sûr que tout le monde est à dîner, fait le signal du départ à la Dauphine, qui s’avance, le salue à l’ordinaire et