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Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/109

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éprouve dans cette prison toute l’horreur de sa détresse, toutes les souffrances d’une maladie cruelle qui le dévore, et de l’universel abandon. Soudain sa femme, qu’il avait délaissé dans le fond de l’Ecosse, apparaît devant lui comme l’ange consolateur. Elle veut briser ses fers, elle ne saurait y parvenir ; elle voudrait qu’il guérît, mais sa maladie est mortelle. Elle s’enferme avec lui dans une atmosphère infecte, pestilentielle ; le soigne elle-même jusqu’au trépas ; lui ferme les yeux, conduit ses restes jusqu’au tombeau ; il se referme sous ses yeux, et sous les regards de la petite nièce d’Young, le chantre de la mort et des nuits, dont elle est accompagnée. Nous pourrions prouver la fragilité de nos jours, et leur mesure marquée par l’Eternel, en contemplant la tombe de M. Delalande, jeune naturaliste, mort dans son lit à trente-six ans, dans Paris, sa patrie, au retour d’un voyage de long cours, dans lequel il affronta le danger des mers, le péril d’excursions lointaines dans la Cafrerie et au cap de Bonne-Espérance. Nous pourrions démontrer que la mesure de notre vie est souvent bien moindre, en considérant le monument d’Adeline-Gabrielle d’Arnault, décédée âgée de trois ans huit mois, sur lequel ses parens exprimèrent ainsi leurs regrets :