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Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/135

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nistère des affaires étrangères. Ce ministre lui confia une mission importante près du corps helvétique. M. Denon profita de ce voyage pour admirer la nature dans toute sa majesté. Il en profita aussi pour rendre son hommage au vieillard de Ferney. Il obtint de faire son portrait ; malencontreusement l’amateur accrut dans cette image les irréparables ravages de la décrépite vieillesse. Voltaire accusa M. Denon de l’avoir rendu plus laid qu’il l’était. M. Denon quitta la Suisse pour Naples ; il y demeura sept ans ; il y remplit même, dans les dernières années, les fonctions de chargé des affaires de France. Il était philosophe, donc partisan des opinions qui firent germer dans les têtes la révolution. Il déplut à la reine de Nazies, fut rappelé, et vit se fermer devant lui la carrière diplomatique. Tandis qu’il était en Italie, il se lia d’une amitié intime avec le cardinal de Bernis, alors ambassadeur de France à Rome ; il vit chez ce cardinal l’empereur Joseph II, qui trouvait l’Allemagne lourde, lente et rude à manier, et le malheureux Gustave, roi de Suède, qui devait être assassiné dans un bal. Ce fut toujours pour lui de précieux souvenirs ; mais son séjour sous ce beau ciel, au milieu des chefs-d’œuvre des arts dont il s’y voyait entouré, devait avoir plus d’influence encore sur le reste de sa vie. Il y devint artiste ; son goût exquis diri-