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Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/169

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ennemis du Roi étaient tout à la fois témoins, accusateurs, jurés, juges, tandis qu’ils le chargeaient des crimes qu’ils avaient eux-mêmes commis dans la journée du 10 août, en y faisant eux-mêmes répandre le sang. Son courage s’exalta au point de qualifier quelques-uns de ses collègues de conspirateurs, et de les sommer d’annuler l’acte d’accusation qu’ils présentaient. Ne voulant point priver ce prince d’un suffrage favorable, il vota pour la réclusion et le bannissement à la paix, en demandant que le jugement, quel qu’il fût, ne pût pas devenir loi, s’il n’obtenait point les deux tiers des suffrages. Son dévoûment fut sans succès, mais il n’altéra jamais son intrépidité. Sous le poignard continuellement levé sur sa tête, il osa accuser Robespierre, conjointement avec Louvet, des journées de 1792 ; réclamer la poursuite des auteurs des massacres de septembre ; combattre de toute sa force l’établissement du tribunal révolutionnaire ; dénoncer les dangers de la Convention avant le 31 mai ; montrer, dans ce jour périlleux, toute l’intrépidité de la vertu lorsqu’on l’outrage, lorsqu’on l’arrache du poste où l’avait placé la patrie, lorsqu’on la proscrit. Coupable aux yeux du crime triomphant, il est privé de sa liberté ; sa propre maison devient sa prison ; il est entre les mains d’implacables ennemis. Dans l’impuissance de