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Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/37

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tique dont il ressentait bientôt tout le poids. Souvent les supérieurs de la Société venaient tenir à Mont-Louis les plus importans de leurs conciliabules. Le Père confesseur en était membre-né, ou plutôt il en était l’âme. Il connaissait la cour, l’esprit public, la mesure de son influence ; c’était à lui à calculer les circonstances opportunes ou défavorables ; à combiner les moyens de faire réussir leurs desseins. Les gros bonnets de l’ordre ne se réunissaient point dans la maison de Sa Révérence : les murs ont des oreilles. En les voyant affluer par la porte principale, on aurait Soupçonné quelques desseins sinistres, sonné l’alarme, et peut-être éventé leurs projets. Un ennemi frappé à l’improviste ne saurait facilement se défendre. Les Jésuites, arrivant un à un par les portes secrètes, se rendaient directement à l’extrémité de l’enclos voisine de Vincennes. Au milieu d’un bosquet s’élèvent huit tilleuls couvrant un belvédère par leur épais feuillage, retraite profonde dans laquelle l’œil curieux ne saurait pénétrer, l’oreille inquiète rien entendre. Ses perspectives lointaines sont magnifiques ; mais deux endroits voisins captivaient mieux l’attention des Jésuites : c’était le donjon de Vincennes, dans lequel leur crédit tenait sous les verrous les hommes dont l’âme courageuse ne s’était pas laissé abattre par