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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/176

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POÉSIES INÉDITES

Extraites du manuscrit de la Bibliothèque de l’Arsenal
B. L. F., no 100 (no 5112 nouveau).

Non sans avoir maintes foys esprouvé
Par trop d’ennuys quel bien d’espérer vient,
Espéré n’ay en vous, que j’ay trouvé
Le seul espoir qui ma vie soustient ;
Mais, après tant que comme moy sçavez,
Qui m’ont donné pis que mort, je le pense,
L’amour, qu’à moy avez eu & avez,
Résusciter m’a faict en espérance.

Doncques, estant ma consolation
Qui d’espérer m’avez donné confort,
Nommer vous puis ma résurrection,
Puisque je tiens mes ennuys une mort,
Lesquelz ne peux dire par le menu ;
Mais, s’il vous plaist y penser, mon Seigneur,
Vous trouverez que assez m’en est venu
Trop suffisans pour tuer un bon coeur.

Je ne le dis pour les ramentevoir,
Car l’oublier m’en est plus aggréable,
Mais ouy bien pour vous faire sçavoir