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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/19

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DE MARGUERITE DE NAVARRE

œuvre n’est pas sans se rapprocher des rappresentazioni sacre italiennes, qui sont régulièrement écrites en octaves. Le plus grand nombre des éditions que l’on connaît de celles-ci est seulement du milieu du XVIe siècle ; mais il y en a d’antérieures, & il est bien probable que Marguerite en a eu entre les mains. Le manque d’action, les raisonnements longuement développés qui suppriment la vivacité du dialogue vraiment coupé, le moule, le caractère général, & jusqu’à la dimension, sont aussi trop analogues pour que Marguerite les ait ignorées. Si elle a eu des comédiens italiens, ils ont dû en jouer devant elle.

III. À en croire le mot d’une lettre de Marguerite elle-même, écrite de Nérac à M. d’Izernoy, à la date du 12 janvier 1532 : « Nous y passons notre temps à faire Moineries & Farces[1] », on penserait que celles qui se trouvent dans ses œuvres sont dans le sens gai. Il n’en est rien : elle y prêche comme à l’ordinaire, & ce n’est pas elle qui a jamais fait, comme on dit, de l’art pour l’art. Comme dans les commentaires des interlocuteurs de ses Nouvelles, elle a un but sérieux : elle expose, disserte & régente encore plus qu’elle ne conseille. Ce que dit Florimond de Rémond exprime plus complètement ce qui est la vérité même, le sentiment dominant d’utilité actuelle & de propagande active. Il y a au XVIe siècle une comédie Protestante & un théâtre Réformé ; il est surtout Génevois & à un moment Lyonnais, mais c’est


    On trouve dans le recueil de M. Le Roux de Lincy, II, 124, le timbre : Las ! que dit-on en France — De Monsieur de Bourbon, mis pour une strophe de huit vers. Il est certain que les strophes de Marguerite sont sur le chant d’une des pièces du siège de Metz : Que peut-on dire en France — Du camp de Luxembourg, — la chanson spirituelle, celle du siège de Metz & deux autres (Le Roux de Lincy, II, 403 & 417) indiquées sur le chant : Las ! que dit-on en France, étant également en strophes de dix vers. — M.

  1. Dans le premier recueil de ses Lettres, par M. Génin, 1841, p. 381, Guillaume Jean, sieur d’Izernay (Yzernay, Maine-&-Loire), était un de ses maîtres d’hôtel ; La Ferrière-Percy, p. 166.