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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/32

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LE MALLADE

Soubdain vous sentirez desfaire
Le lyen par qui tant sousfrez,
Et, s’il ne luy plaist ainsi faire,
A sousfrir pour luy vous osfrez.

Si vous regardiez vos mérittes
Et vos péchez bien clairement,
Voz doulleurs trouveriez petittes
Au pris de vostre jugement ;
Mectez en vostre entendement
Que riens il ne vous appartient
Que peine, doulleur & tourment,
Et que péché en mal vous tient.

Mais, en regardant ce péché
Et vous consentant à la peine,
Soudain en seriez destaché
Par une grâce souveraine
Qui du profond d’Enfer ramaine
L’âme qui est humiliée,
La rendant claire, belle & seine,
Et de tout péché deslyée.

Mon Maistre, mectez tout à rien
Vostre desir & voulunté.

Le Mallade.

En bonne foy je congnois bien
Que de Dieu vient toute santé ;
Mon cueur s’est si fort contanté
De vous oyr de luy parler
Que le mal qui m’a tourmenté
J’ay senty tout soubdain aller ;