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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/47

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LE MALLADE

Nous ont laissée noz Docteurs,
Si sçavans que ung homme est bien yvre
Qui veult reprandre telz aucteurs.

Les receptes dont vous usez
Sont bonnes ? Elles viennent de nous.
Toutesfoiz vous en abusez,
Car vous voullez bailler à tous
Ce qui est pour ung, oyez vous.
Or gardez que nul appareil,
Bruvaige, amer ou aigre doulx,
Ne baillez sans nostre conseil.

Et vous, la belle Chambrière,
Qui faictes icy la bigotte
Et puis vous venez en derrière
Louer vostre oraison dévotte,
Ung charme c’est, je le dénotte ;
Si prins l’a ton maistre, il mourra.

Le Mallade.

S’il ne laisse sa gloire sotte,
Ung grant ignorant demourra.

Le Médecin.

Compère, si le mal revient,
Ne tenez plus les yeulx bandez[1].
Lisez cest escript, qui contient
Vostre santé ; or l’entendez.

  1. Ne persistez pas dans votre aveuglement. — M.