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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/67

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ET DES MARIÉES

Lequel aymer veux ;
J’en ay fait les veuz
Le long de mon aage.

Tousjours en luy pense,
Et n’ay contenance,
Ne bien, qu’à le veoir ;
Loing de luy j’escriptz,
Et en pleurs & cryz
Faiz bien mon debvoir.

Puis, quand le reveoy
Assis près de moy,
Escoutant ses dictz,
J’y prans tel plaisir
Que je n’ay desir
D’estre en Paradis.

Mon cueur n’est plus mien ;
Il s’en court au sien,
Mais le changement
Me donne tant d’ayse
Que mes maulx j’appaise
Tout en ung moment.

Quoy que l’on me face,
Tourment ou menace,
Le tout en gré prans ;
D’Amour mon cueur volle ;
C’est la bonne escolle
Où tout bien j’apprans.