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Page:Marie Curie - L'isotopie et les éléments isotopes, 1924.pdf/133

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POIDS ATOMIQUE ET NOMBRE ATOMIQUE

De petites variations avaient même été signalées par certains expérimentateurs, mais ont été ensuite attribuées à des erreurs d’expérience. Richards et ses collaborateurs ont repris avec le maximum de précision, la mesure du poids atomique pour le cuivre, l’argent, le sodium, le calcium : échantillons de cuivre d’Allemagne et du lac Supérieur, calcium de Vermont (États-Unis) et d’Italie, sodium de mines de sel gemme en Allemagne et de mines situées à Syracuse ; Baxter, Grover, Parsons, Thorwaldson ont examiné le plomb commun de diverses origines (voir p. 61) et ont comparé le fer et le nickel des météorites aux métaux d’origine terrestre, Baxter et Dorcas ont comparé le cobalt terrestre à celui des météorites ; Monro a comparé le bore provenant de minéraux de Nouvelle-Zélande avec le bore ordinaire ; Bronsted et Hevesy ont déterminé la densité de mercure de diverses provenances en relation avec leurs travaux sur la séparation des isotopes du mercure (voir p. 197). Dans tous ces cas on n’a observé aucune différence, supérieure aux erreurs d’expériences, réduites au minimum dans des méthodes de comparaison [73, 49][1].

Le chlore de minéraux anciens (apatite de Balme, sodalite) a été comparé au chlore ordinaire (à provenance d’eau de mer) par I. Curie et par E. Gleditsch ; on n’a pas trouvé de différence [73-74]. Pour un chlorure de sodium pro venant de l’Afrique centrale, I. Curie a trouvé une petite différence (P = 35,60), supérieure aux erreurs expérimentales, sans qu’il ait paru possible de l’attribuer à des impuretés. Sur d’autres échantillons du même sel, la différence n’a pas été retrouvée. On peut se demander, si elle ne pourrait provenir d’une séparation partielle par diffusion réalisée dans la nature.

Si l’on fait abstraction de ce dernier cas, on doit conclure sur la base des résultats jusqu’ici connus, que selon toute probabilité, les poids atomiques chimiques ne dépendent pas des provenances. Autrement dit, on est conduit à admettre un mélange d’isotopes parfait dans la matière cosmique qui a fourni le système solaire. Ce mélange s’explique sans doute par une production en proportion constante, plutôt que par un brassage [61, 74]. De petites différences devraient néanmoins exister dans la mesure où elles ont pu résulter de processus naturels semblables à ceux que l’on emploie actuellement pour les essais de séparation des isotopes[2].

  1. Dans le cas du nickel une très légère différence a été constatée, mais demande confirmation.
  2. Dans un travail récent, Muzaffar a obtenu, pour l’antimoine de diverses provenances, des poids atomiques différents suivant l’origine des minerais (entre 121,14 et 122,37) ; ce travail est considéré comme préliminaire [73].