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Page:Marie Curie - L'isotopie et les éléments isotopes, 1924.pdf/28

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L’ISOTOPIE ET LES ÉLÉMENTS ISOTOPIQUES

le problème ardu et inquiétant du classement des radioéléments, tout en donnant naissance à la notion fondamentale d’isotopie.

Les opérations chimiques effectuées pour préciser la nature chimique d’un radioélément aboutissaient nécessairement à un effort pour le séparer de l’élément à qui il se trouvait, en dernier lieu, associé. C’est cette séparation qui n’a pas toujours été possible. Le radium a pu être séparé du baryum et le polonium du bismuth, mais le radium D n’a pu être séparé du plomb avec lequel il est extrait des minéraux. De même, le mésothorium, qui est extrait avec le radium de la monazite, ne peut en être séparé par des réactions chimiques, tandis que l’ionium et le radiothorium ne peuvent être séparés du thorium.

Les essais de séparation de ces groupes d’éléments ont été poursuivis sans succès dans plusieurs laboratoires de 1907 à 1910 par Boltwood, Keetman et Auer v. Welsbach pour l’ionium et le thorium, par Marckwald et Soddy pour le radium et le mésothorium, par Herszfinkiel et Szilard pour le radium D et le plomb, par Mac Coy et Ross pour le thorium et le radiothorium [22]. Les méthodes employées ont été : la cristallisation fractionnée, la précipitation, l’adsorption, la distillation, la diffusion, la dialyse, l’électrolyse, la sublimation, etc. Pour séparer le mésothorium du radium, Soddy effectua, en particulier, un grand nombre de cristallisations fractionnées de chlorure de baryum contenant les deux radioéléments dont chacun peut être aisément mesuré par ses propriétés radioactives.

Expliquons dans quelques cas, par quelles méthodes on a pu établir que la proportion de deux éléments isotopes restait invariable durant les essais de séparation :

Radium et mésothorium I. — Le radium peut être dosé indépendamment par la mesure de l’émanation dégagée en un temps connu. D’autre part, le rayonnement pénétrant d’un chlorure fraîchement précipité par HCl et rapidement séché est proportionnel au mésothorium I seul, car il est émis par le mésothorium II, à l’exclusion des dérivés du radium si l’opération a été bien conduite. Enfin le rayonnement de ce même sel, maintenu en vase clos pendant un mois, est dû par parties aux dérivés du radium et au mésothorium II accompagnant le mésothorium I. Pour contrôler la constance du rapport il suffit d’associer deux des mesures ci-dessus indiquées.

Radium D et Plomb. — Le radium D ne donne pas de rayonnement appréciable, on le mesure généralement par son dérivé le radium E qui émet un rayonnement pénétrant. Cette mesure doit être faite quand l’équi-