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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/108

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qu’on ne meure avec eux ! Au brouillard s’est jointe la fumée. La fange et le sang se mélangent. Des morts, des morts partout ! La vallée se comble lentement. Un boulet atteint l’enseigne du régiment. — L’étendard ! crie-t-il d’une voix mourante, veillez sur l’étendard !

Mitica s’en empare et les balles passent en sifflant dans les plis tricolores du drapeau.

Les Turcs n’auront pas l’étendard. Les détonations se succèdent avec moins de rapidité, l’air s’éclaircit peu à peu.

— Eh bien ! mes enfants ? demande une voix dans le brouillard.

— Eh bien ! général, il y a une tranchée… elle est à nous !

— Le pays saura vos noms, mes braves, et l’Europe saura le nom du pays !

Rélia n’a pas une égratignure ; il s’étonne de se retrouver vivant.

— Est-ce que c’est fini, maintenant, Ioan ? fait-il craintivement.

— Pas encore : après la tranchée, la redoute.

— Ah ! mon Dieu ! Et… est-ce qu’il y a encore des Turcs, là-dedans ?

— Parbleu ! s’il n’y en avait plus, la redoute serait prise.

Mlle Aurélie se remet à trembler, Isacesco l’entraîne.

Les Roumains escaladent le talus opposé. On ne songe plus à la Saint-Alexandre ; on songe à la patrie, aux grades à conquérir, à tout ce qui fait la gloire, enfin.

— Eh ! Mitica Sloboziano ! j’ai ici une éraflure qui me vaudra les épaulettes de sous-lieutenant.

— La prise de Grevitza ! quelle belle histoire à raconter à la veillée, hein ?