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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/137

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innocente, c’était l’avenir rasséréné, le bonheur rendu la vie avec toutes ses joies qui font supporter toutes ses douleurs.

L’air digne et le regard limpide de sa fiancée achevèrent de le convaincre.

— Alors… ce n’est pas vrai ?… dit-il.

— Ce n’est pas vrai ! répéta Mariora avec force.

Et, comme ils restaient, embarrassés, hésitants, à côté l’un de l’autre : — Voyons ! Que cela finisse ! s’écria Baba Sophia. Caporal, faut-il avertir le pope ? oui ou non ?

— Allez-y toujours, Baba Sophia ! répliqua gaiement Isacesco en pressant Mariora dans ses bras, si vos jambes sont aussi agiles que votre langue, ce sera bientôt fait !

— Mon caporal, répondit celle-ci en posant sa longue main sèche sur l’épaule du dorobantz, je te pardonne toutes les vilaines choses que tu m’as fait dire.

Et, s’abandonnant sans réserve à sa joie exubérante, la vieille marraine se mit à cabrioler par la chambre comme une chèvre prise de folie, tandis que Mariora, agenouillée devant les saintes images, rendait grâce au Seigneur.

Les gens heureux n’ont pas d’histoire. Ce n’est pas que le bonheur des deux fiancés fût complet. Le souvenir de Mitica planait, ainsi qu’un oiseau noir, au-dessus de ce ménage de colombes. Isacesco se rendit à différentes reprises au ministère de la guerre, mais quand les employés apprenaient que Sloboziano n’était qu’un simple soldat : — Ah ! alors nous ne savons pas, répondaient-ils comme l’infirmier de Plevna. Ioan persuada à Zamfira que Mitica était prisonnier à Constantinople et qu’il reviendrait dès que le traité de paix serait signé. On croit aisément ce que l’on souhaite, et chaque soir,