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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/139

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un avocat de la ville[1] auquel le vieux Mané avait remis l’argent qu’il possédait, Zamfira et Mariora s’occupaient à ranger le trousseau de cette dernière : tabliers aux raies multicolores, corsages richement brodés, ceintures pailletées d’or, tout cela passait comme un éblouissement sous les yeux de Baba Sophia émerveillée.

— La princesse Élisabeth aurait l’air d’une bourgeoise auprès de toi, ma fille, disait-elle à la future Mme Isacesco qui, affairée et trottant menu comme une souris, répondait par de clairs éclats de rire aux admirations de la marraine.

Trois coups secs frappés à la porte d’entrée firent tomber des mains de Mariora une jupe festonnée. Qui pouvait venir à cette heure avancée ? Mariora, que ses souvenirs particuliers ne rendaient guère vaillante, se réfugia dans les bras maigres de la digne Sophia qui ne bougea pas plus qu’une souche. Zamfira se dévoua, comme toujours.

Le frêle escalier gémit sous des pas lourds et mesurés, la porte de la chambre s’ouvrit avec fracas et la Tzigane reparut, conduisant un homme de haute taille, au visage rébarbatif et qui portait l’uniforme des Cosaques. Il n’en fallait pas tant pour réveiller les anciennes terreurs de Mlle Sloboziano. L’épouvante de la jeune fille atteignit son paroxysme quand le Russe s’avança vers elle et, la saluant par son nom, lui présenta une grande boîte oblongue, garnie de clous de fer et soigneusement fermée. Mariora, pâle d’effroi, se recula jusqu’à la muraille.

— Qu’est-ce ? demanda Zamfira en prenant bravement la boîte des mains du singulier messager.

  1. Il n’y a pas de notaires en Roumanie.