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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/40

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Les traits du dorobantz étaient contractés ; sa parole, empreinte d’une dureté inaccoutumée, effraya la fille du pope.

— Comme tu dis cela ! s’écria-t-elle. Qui voudrais-tu qui fût venu ?

— Un homme aux yeux jaunes, dit Ioan.

Mariora essaya un grand éclat de rire qui sonna si faux qu’elle-même en fût terrifiée. Elle allait répondre, mais une voix grave murmura à son oreille :

— Mariora, il ne convient pas que tu caches rien à celui qui doit être ton époux !

C’était Zamfira qui venait d’entrer. Sans prendre garde au mouvement de colère de son amie, elle alla s’asseoir à l’écart et se mit à tresser des joncs en silence.

Mariora, rouge de honte, fondit en larmes.

— Eh bien ! oui, je dirai tout ! sanglottait-elle, tout !… à la condition que tu ne me regarderas pas pendant que je parlerai !

Isacesco aurait accepté bien d’autres conditions encore ; il ne comprenait pas et s’efforçait de ne pas chercher à comprendre. Il était fort pâle et fit un signe affirmatif. Mariora essuya ses larmes, s’assit près du dorobantz et lui passa son bras autour du cou ; puis elle le regarda timidement comme si elle eût voulu puiser un peu de courage dans des yeux amis, et commença d’une voix très-basse :

— Voilà. C’était ce matin, Zamfira et Baba-Sophia étaient allées à Bucharest et m’avaient laissée seule ici. Tous les hommes étaient aux champs. Moi, je ne faisais rien… je songeais à toi ! quand j’entendis le galop d’un cheval qui s’approchait.

Je cours à la porte, croyant voir le boyard Comanesco que nous attendions. Ce n’était pas lui, c’était un offi-