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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/59

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— Eh oui ! Ne ris pas ! Je suis jalouse et j’ai bien des choses à te faire promettre, va ! Mais écoute donc, dit-elle en passant son bras sous celui du dorobantz. D’abord, je veux que tu t’ennuies le plus souvent possible, que tu penses à moi toute la journée…

— Mais… si je pense à toi…

— Ah ! c’est vrai ! fit-elle en souriant, tu ne t’ennuieras pas. Soit ! J’exige que tu te trouves aussi rarement que tu le pourras avec Mitica. Car, Mitica… C’est le rakiou, tu sais ! ajouta-t-elle tout bas en fronçant les sourcils.

Ioan sourit et voulut parler.

— Attends, ce n’est pas tout. Tu m’écriras tous les jours et… tu empêcheras Mitica de lui écrire… à elle.

— Mariora ! s’écria-t-il avec un accent de reproche.

— C’est convenu, n’est-ce pas ? murmura-t-elle avec sa voix caline.

— Non ! dit Isacesco, je ne puis faire ce que tu me demandes. Zamfira et Sloboziano s’aiment comme nous nous aimons. Nous attirerions sur nous la colère du ciel si la pensée nous venait seulement de chercher à leur nuire d’une façon aussi cruelle. Que dirais-tu si ton frère voulait…

Mariora devinait le reste de la phrase, impatientée, elle s’écria un peu trop haut : — Tu n’es pas un Tzigane, toi !

— Qu’est-ce ? fit Mitica dont la tête, entièrement privée de ses longs cheveux noirs, apparut au-dessus de l’épaule de la jeune fille.

— Rien… rien… je parlais de ces Tziganes qui passent là-bas avec leurs ours.

Mitica jouissait de l’embarras de sa sœur ; un sourire ironique effleura ses lèvres :

— Prends garde, sœurette, dit-il d’un ton significa-