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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/61

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— Joli, mon Ionitza, joli ! répétait-elle. Est-ce en or, dis ?

— Je l’ignore, fit Ionitza, cependant je ne le crois pas.

— Si ! si ! je vois bien que c’est de l’or, insista Mariora qui tenait à la valeur intrinsèque ; je ne la quitterai jamais, jamais, mon Ionitza !

Et, sans s’inquiéter de ce qu’on en pourrait dire, en pleine Chaussée, Mariora embrassa le dorobantz.

— À ton tour, ma bien-aimée, fit Isacesco, veux-tu me promettre…

— Tout ce que tu voudras, interrompit Mariora qui dévorait sa bague des yeux, tout ce que tu voudras !

La physionomie d’Isacesco prit une expression sauvage, ses fameux sourcils se hérissèrent et sa main se rapprocha instinctivement de sa ceinture comme pour y chercher la garde d’un poignard.

— Mariora, dit-il d’une voix sifflante, fuis les Russes, Dieu les a maudits ! et… si tu revois cet homme !…

Mariora pâlit ; avec un geste vague elle passa sa main sur son front et murmura :

— Cet homme ! c’est vrai !… je l’avais oublié ! Mais lui !… il n’oubliera pas ! il reviendra ! il a dit qu’il reviendrait ! Oh ! mon Dieu ! et tu pars, Mitica part, ils partent tous !… Mais où s’en vont-ils donc tous ainsi ? s’écria-t-elle comme se parlant à elle-même.

Le jour allait peut-être se faire dans son esprit abusé, la cruelle vérité allait peut-être lui apparaître tout entière, quand un cri d’horreur s’échappa de ses lèvres. Ses yeux, démesurément ouverts, regardaient un point fixe que son bras désignait dans la foule.

— L’homme ! s’écria-t-elle, l’homme ! le voilà !

— Où donc ! fit Isacesco qui tenta de se frayer un passage à travers les masses.