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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/76

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— Zamfira ! cria-t-elle. Puis elle attendit.

— Zamfira ! répondit l’écho d’une voix lugubre.

Sa propre voix, qui lui revenait ainsi modifiée, lui glaça le sang dans les veines.

— Zamfira ! reprit-elle plus faiblement, Zamfira ; je ne le ferai plus !

— Zamfira ! plus ! gémit l’écho.

— Oh ! fit Mariora, j’ai peur !

Et, prise de découragement, elle s’assit sur l’herbe tout humide, posa sa tête dans ses mains et se mit à pleurer. Hélas ! elle l’avait voulu ! et la nuit était close et le vent sifflait dans ses cheveux dénoués où pendaient des débris de feuilles. Elle pleura longtemps ainsi ; un bruit vague qu’elle entendit derrière elle la fit se lever, et, formulant tout bas le vœu d’offrir à la Vierge deux cierges de cire verte si elle revenait saine et sauve dans sa demeure, elle tenta de regagner la grand’route. La grand’route se trouvait à droite, mais le trouble de la malheureuse était si grand qu’elle la chercha vainement à gauche. Elle comprit qu’elle était complétement désorientée et se mit à courir tout droit devant-elle, ne songeant plus qu’à atteindre une lisière quelconque de la forêt. Elle, qui était sensible à la douleur au point que la piqûre de son aiguille la faisait pleurer, ne sentait pas les feuilles pointues des houx qui lui labouraient la figure et les mains, et son oreille percevait, avec le « hui » sinistre du vent, le battement de ses propres artères, quand la lune, dont la seule lumière dirigeait encore les pas de la jeune fille, disparut dans les nuages.

Le noir et l’inconnu enveloppaient Mariora de tous côtés.

— Mitica ! Ioan ! cria-t-elle, et la terreur prêtait un accent de profond désespoir à la voix de la pauvre égarée.